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"Au revoir là-haut" ... Souvenirs et regrets d’une gueule cassée, " ... un poème de Pierre
J’ai écrit ce poème après avoir lu le Goncourt 2013 « Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre qui traite en partie de ce drame.
Si vous ne l’avez pas lu, je vous le conseille et vous met un lien pour un résumé plutôt bien fait : http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2013/11/26/au-revoir-la-haut-de-pierre-lemaitre-prix-goncourt-2013/
Un film vient d'en être tiré et les premières critiques sont bonnes :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Au_revoir_l%C3%A0-haut_(film)
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19573528&cfilm=230699.html
Images du net
La mort a le grand avantage de ne point
laisser de séquelles à ceux qui la rencontre …
Pierre Dupuis
Souvenirs et regrets d’une gueule cassée,
Pourquoi donc ne suis-je pas mort
quand cet obus venu du nord
a emporté, mon sang se glace,
presque la moitié de ma face.
Je veux bien aller en enfer,
j’ai connu le feu et le fer,
que peut-il arriver de pire,
J’aimerais bien l’entendre dire !
Et les officiers sabre au clair,
les explosions et les éclairs,
les tranchées, les rats et la boue,
les vieilles barbes sur les joues !
Et les assauts et les reculs
et les sombres et froids calculs
pour gagner quelques hectomètres
et obligés de se soumettre !
Les gazés et les fusillés,
les braves qui avaient osé
dire à la maréchalerie :
« Assez de cette boucherie ! »
Les copains désarticulés
et tous les regards affolés
et la mitraille et la mitraille
laissant de fumantes entrailles !
.
Les infirmiers et les brancards,
les jeunes et les vieux briscards,
les chirurgiens coupant des membres,
les corps torturés qui se cambrent !
Ceux d’en face tout comme nous,
terrés aussi aux fond des trous
et obligés sous la mitraille
de s’élancer vaille que vaille !
Les mêmes de chaque coté
à ordonner, à exiger,
d’aller se faire ouvrir les trippes
au nom des sacrés grands principes !
Pourquoi donc ne suis-je pas mort ?
J’aurais dû, j’en ai grand remords,
en terminer là-bas sur place
pour ne plus me voir dans la glace !
Mais que peut-on faire bon sang
quand on s’est vidé de son sang
et que l’on n’est plus qu’une loque,
une proie pour staphylocoques !
Après …
Après, affronter les regards
avec les yeux plein de brouillard
des amis et de la famille
et pire encore ceux des filles !
Au début de la compassion,
ensuite de la répulsion
et parfois même une grimace
… ferais-je mieux, moi, à leur place ?
Pourquoi donc ne suis-je pas mort
quand cet obus venu du nord
a emporté, mon sang se glace,
presque la moitié de ma face ?
Pierre Dupuis
« Rébus : réponse au petit rébus dominical de ... Rotpier ! Les hululucubrations des chouettes Chouettes du Rotpier : un poil d'humour à plumes ! »
Tags : Poésie, "Au revoir là-haut" ... Souvenirs et regrets d’une gueule cassée, " ... un poème de Pierre
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Commentaires
ça sent fort le 11 là
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Mercredi 8 Novembre 2017 à 07:26
Salut Durdan !
Je ne peux pas le nier !
Je préfère parler d’autres poilus que de ceux-là
mais il faut quand même le faire.
Bonne journée !
Le Rotpier
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Tu leurs rends un bel hommage dans ce poème fort émouvant.
Ma terre de Somme est rouge de sang. Il a fallu attendre 100 ans pour qu'enfin on puisse vraiment parler d'eux, tous ces soldats étrangers morts, martyrisés, défigurés, dont personne n'osait parler, la honte de la France. Il fallait mieux parler de Verdun ... A présent enfin on leur rend hommage, ils sont là parmi nous dans ma ville puisque sur de grandes photos collées sur nos murs, bien visibles.
C'est le moindre que nous puissions faire ... ils étaient si jeunes pour la plupart, heureux de venir en France. Des généraux français imbéciles sont responsables de ce carnage et ces immenses souffrances, honte à eux.
Merci pour eux
Bonjour Annick !
Joli résumé de la situation, bravo !
Il est vrai que les terres de la Somme
ont eu leur quota de martyres.
Magnifique la photo!
Bonne journée !
Pierre
http://rotpier.eklablog.com/