• " Mon ami le lavoir, " : un poème de ... Pierre !

     

     

    Préambule :

     Il ne s’agit là que d’une simple fiction, mais … si cela n’a pas été, cela aurait pu être !

    Le grand privilège des poètes est de pouvoir relater des choses extraordinaires sans que l’on ne les prenne totalement pour des fous … du moins, le croient-ils !

     Pierre Dupuis

    Image du net

     

    Mon ami le lavoir,

     

    C’est un très vieux lavoir dont les poutres fendues

    ont traversé le temps et les générations,

    malgré le poids des ans, même les plus tordues

    se portent vaillamment sans trop d’altération.

     

    Les tuiles de son toit ont abrité des foules

    de femmes aux battoirs agiles et bruyants,

    caquetant aussi fort qu’un escadron de poules

    pour échanger des faits sérieux ou croustillants !

     

    Elles arrivaient tôt pour faire les lessives,

    brouettes et paniers remplis jusqu’à ras bords,

    des jeunes chantonnant ou des vieilles poussives

    s’attelaient au travail, toujours à bras le corps !

     

    Pour oublier le mal, pour tromper la fatigue

    - des heures à genoux dans des boites de bois ! -

    elles se racontaient jusqu’aux moindres intrigues :

    tout le monde y passait, des pauvres aux bourgeois !

     

    En a-t-il entendu des histoires coquines !

    Des récits avérés ou d’autres inventés,

    comme le jeune abbé et la grande rouquine

    dont les rapports étaient plutôt mouvementés !

     

     Le notaire assiégeant la gironde soubrette,

    qui avait tout tenté avant d’être éconduit

    et Jean, le jardinier, dont la large brouette

    servait gaillardement de lit certaines nuits !

     

    Le calme revenait vers la fin de journée

    et tous les animaux reprenaient possession

    du lieu qu’ils fréquentaient tout au long de l’année,

    obligés d’accepter la cohabitation !

     

    Les oiseaux s’abritaient aux creux de la charpente,

    les rongeurs grignotaient les miettes des repas,

    les poissons revenaient sauter dans l’eau courante :

    c’est le monde animal qui reprenait le pas !

     

    Le lavoir accueillait avec plaisir ces hôtes,

    des bruissements, des chants et quelques ronds dans l’eau

    ne venait pas troubler, au point qu’il en sursaute,

    une sérénité à coucher sur tableau !

     

    Pourtant, certaines fois, il n’était pas tranquille,

    la nuit favorisant quelque autres visiteurs,

    certains très attachants, d’autres bien plus hostiles,

    des gentils, des méchants plus ou moins prédateurs !

     

    Il partageait parfois des instants romantiques :

    les serments les plus fous des jeunes amoureux,

    éclairés par la lune aux reflets chromatiques,

    des serments qui duraient longtemps ou bien très peu !

     

    Combien de vagabonds ou de traîne-savates

    avait-il abrité certaines nuits d’hiver ?

    Il avait vu un jour un ancien acrobate

    s’asseoir au bord de l’eau pour déclamer des vers !

     

    Pendant une période, il y a bien des lustres,

    vers le coup de minuit un groupe de brigands

    s’y rassemblait souvent et cette bande illustre

    venait y préparer de sombres guet-apens !

     

    Sous la révolution - je parle de la grande ! -

    son partage avait fait l’objet de changements :

    fini le bon vouloir du seigneur qui commande,

    chacun avait son tour plus équitablement !

     

    Il avait la mesure aussi du temps des guerres

    par la diminution des habits masculins,

    gilets et pantalons, il n’en voyait plus guère :

    les hommes sur le front n’étaient plus aux moulins.

     

    J’ai la chance d’avoir obtenu sa confiance

    en venant tous les jours discuter avec lui,

    il ne voit plus grand monde et c’est l’insignifiance

    qui s’installe aujourd’hui, comme pour le vieux puits.

     

    Ils ont régné naguère, étant incontournables,

    on venait de fort loin pour se fournir en eau ;

    quant aux mères Denis - profils incomparables ! -

    le lavoir résonnait au son de leurs sabots !

     

    Heureusement pour eux certains ont pris conscience

    que c’était un devoir de les garder debout,

    en nos modernes temps où s’étale la science,

    un coup d’œil au passé n’est pas mauvais du tout !

                      

                Épilogue :

     

    Tu le vois mon ami, j’ai tenu ma promesse,

    j’ai couché sur papier certains de tes récits,

    j’ai restreint fortement les histoires de fesses :

    deux strophes seulement … j’ai beaucoup rétréci !

     

    Tu as - je le sais bien ! - des tableaux en réserve,

    c’est pourquoi je viendrais encore auprès de toi

    et dans un siècle ou deux - je connais bien ta verve ! -

    à quelqu’un d’inconnu … tu parleras de moi !

     

                                                    Pierre Dupuis

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 9 Février 2016 à 14:52

    ça fait bin longtemps que j'n'ai point vu d'l'avouar ou d'abreuvouar comme çui-là

      • Mercredi 10 Février 2016 à 10:15

        Salut Durdan !

         

        J’adore visiter les vieux lavoirs, d’abord pour admirer

        le travail des hommes et puis pour imaginer la vie

        qui s’y déroulait dans les temps où ils étaient encore en service.

         

         Et pis c'est tout !

         

        Bonne journée !

         

        Rotpier l

         

        http://rotpier.over-blog.com

         

         

    2
    Mardi 9 Février 2016 à 16:03

    Et bien, quel poème ! bien agréable à lire. Le côté polisson est resté de longueur très raisonnable.
    Voilà donc pourquoi beaucoup de lavoirs sont encore debout ! et bien conservés.

    Bin ch"est qu'la picarde d'Annick cause aussi comme cho à ch't'heure, mi j'dis ch'l'abreuvouère din m'langue.

    Gros bécos ch'l'ami Pierre

      • Mercredi 10 Février 2016 à 10:18

        Bonjour Annick !

         

        Merci beaucoup !

        Le coté polisson, c’est surtout le domaine du Rotpier !

        Pierre est beaucoup plus soft… encore que …

        Je vais de ce pas voir Amiens !

         

        Bonne journée !

         

        Rotpier 

         

        http://rotpier.over-blog.com

         

         

    3
    Rose63
    Mercredi 10 Février 2016 à 15:40

    Je n'oublie pas d'aller saluer mon lavoir celui de mon enfance près du cimetière 

    Oups mais moi, je suis un peu folle .........du passé 

    Bonne journée 

      • Jeudi 11 Février 2016 à 09:20

        Bonjour Rose,

         

        Il est toujours bon de se ressourcer ! 

        Mieux vaut être un peu folle du passé que d'être un peu folle de la messe !

         

        Bonne journée et merci pour ton passage !

         

        Pierre ou Rotpier: c'est au choix !

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